Entrepreneur, sportif, conférencier, écrivain, showman... Philippe Croizon se laisse porter par ses envies, envers et contre son handicap.
Valide, il était un gars lambda, un ouvrier en métallurgie. Handicapé, Philippe Croizon est un type extraordinaire, qui force le respect, suscite l’admiration, soulève l’enthousiasme, dans chacune de ses entreprises. « Je n’aime pas ce mot “handicapé”. Je préfère dire que je suis une personne capable autrement. Je fais les mêmes choses que tout le monde, mais je les fais différemment. Ce qui signifie que tout est possible ! ». Traverser la Manche à la nage, courir le Dakar, sauter en parachute, pratiquer la plongée sous-marine… La barre n’est en effet jamais trop haute pour ce sportif amputé des quatre membres, suite à un contact avec une ligne haute tension en 1994. « J’ai vécu un drame et il m’a fallu un paquet d’années pour remonter la pente. Mais je suis heureux maintenant. J’aime ma vie ! Vraiment à fond ! Parce que j’en ai fait quelque chose ».
Le sport, premier outil de résilience
Le sport -avec la famille, les amis, l’amour- a été son premier outil de résilience. « La natation m’a ramené à la vie. Elle m’a permis d’accepter mon nouveau schéma corporel et d’être ce que je suis devenu aujourd’hui ». Athlète, Philippe Croizon est aussi un aventurier, un écrivain, un acteur, un chroniqueur, un humoriste, un conférencier… « Je crois que je suis ce que j’ai envie d’être au moment où j’ai envie d’être ce personnage-là ».
« Faire évoluer les mentalités sur le handicap »
Actuellement, l’entrepreneur aux multiples casquettes se consacre « à plein temps » -ou presque- à ses interventions publiques, ses conférences, principalement auprès du monde de l’entreprise. « Je suis un distributeur d’énergie ! Au début, les gens voient une personne qui a un handicap, puis ils rentrent dans l’histoire et ils oublient… Mon leitmotiv est là : faire évoluer les mentalités sur les personnes en situation de handicap ». Un vœu, sinon une mission, qui s’exprime aussi à travers l’académie Philippe Croizon : la première académie handisport de France lancée en septembre dernier avec des fonds privés. « Des entreprises sont entrées dans cette aventure pour soutenir des jeunes qui pratiquent la natation ou l’aviron, et leur montrer que tout est possible quand on a du soutien et une équipe autour de soi ».
"Ne jamais lâcher ses objectifs"
À 50 ans, Philippe Croizon prépare également son premier one man show, avec la complicité de l’humoriste Jérémy Ferrari, avec qui dit-il, il a déjà fait « beaucoup de bêtises… Pour l’instant, on se cherche ; on zappe, on jette et on recommence », explique-t-il, tout en rappelant que le rire a participé à sa renaissance. « J’ai toujours été un pitre, un boute-en-train, et je n’ai jamais perdu cet état d’esprit. L’humour m’a permis de me reconstruire doucement ; il a été une forme d’exutoire ».
Monter seul sur scène ne lui fait pas peur, pas plus que les nouveaux défis qu’ils pourraient se lancer ces prochaines années. Près de vingt-cinq ans après l’accident qui lui a coûté les bras et les jambes, Philippe Croizon ose tout et entretient cette audace à tout prix. « Je crois que c’est ce qui me caractérise le plus : ne jamais lâcher ses envies, ses objectifs… Je suis mort le 5 mars 1994, alors tout ce que je fais aujourd’hui, c’est du bonus ! Il y a certes les choses que je ne peux plus faire à cause du handicap, mais il y a aussi tous les trucs de dingue que je vis grâce à lui ! J’ai été à la rencontre du pape Jean-Paul II ; j’ai participé à la garden-party de l’Élysée en 1998 avec l’équipe de France de football… Avant le handicap, j’étais ouvrier métallo.Je n’imaginais pas un jour avoir deux sociétés et du monde qui travaille pour moi ! ».